Les jours passent et les discutions sauvages s’enchaînent sur les réseaux-sociaux. Selon moi, les chrétiens en sont les champions. Je vois défiler à longueur de journée les débats qui les animent : « Faut-il voter ou non ? », « L’œcuménisme est-il envisageable ? », « Le parler en langues d’aujourd’hui est-il biblique ? » ou encore « Nicky Minaj peut-elle chanter du gospel ? »


Si tu n’es pas familier avec le milieu chrétien, alors ces questions te paraîtront à juste titre plutôt étranges. Dans le cas inverse, je crois que tu discerneras facilement le genre de conversations récurrentes auquel je fais référence. J’en deviens parfois écœuré et j’aimerais t’expliquer pourquoi.


I – Division

Le groupe « Les Guetteurs » déclare : « une armée dispersée ne fait jamais beaucoup d’éclat. » Je ne peux qu’approuver. Une des raisons majeures pour laquelle me prêter à l’exercice des débats « théologiques » interminables ne m’enchante plus tellement, c’est que je crois qu’ils divisent profondément alors que Christ nous appelle à nous rassembler. Dans le chapitre 17 (trop méprisé à mes yeux) de l’Evangile de Jean, Jésus adresse cette requête à son Père, alors qu’il sait sa mort imminente :

« Qu’ils soient parfaitement un afin que le monde voit que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les aimes comme tu m’aimes ! »

Les paroles de Jésus sont une nouvelle fois dispensées de modération. Il appelle ceux qui le suivent à afficher un visage PARFAITEMENT uni. Une unité non pas réservée seulement aux adeptes de telles ou telles dénominations, de telles ou telles églises ou de tels ou tels courants théologiques. Uni, tout simplement pour témoigner que Celui qui est en nous et pour nous est plus grand que ces détails qui nous divisent. L’unité de l’Eglise (à ne pas confondre avec l’uniformité) est si importante que le Nouveau Testament en parle plus que du ciel ou de l’enfer ! Une manière pour nous de nous encourager à la vivre.


II – Inaction

Il y a quelques jours et à la suite d’un tweet dans lequel je disais qu’à mon avis, certains débats détournent de ce qui compte vraiment : à savoir « l’amour en action », une connaissance m’a reproché de prêcher un évangile « bisounours ». J’assume ma potentielle naïveté car je crois que si elle pousse à l’action, elle est préférable à un « pseudo-réalisme » justifiant la passivité et l’inaction. J’aime cette citation qui dit :

 « Je préfère ma manière imparfaite de faire les choses à votre manière parfaite de ne rien faire du tout »

Il est tellement facile de critiquer ceux qui tentent, qui entreprennent, qui réussissent et qui échouent aux vus et aux sus de tous. Il est également tellement plus facile de ne rien faire et ainsi de ne déranger personne ! Un proverbe biblique complète cette pensée en déclarant :

« Ce qui intéresse le sot n’est pas de comprendre, mais de faire étalage de son opinion. »

Quelle leçon ! Et pour chacun de nous. Et si nous arrêtions de critiquer, « de faire étalage de notre opinion » pour ainsi répondre par des actions à nos frustrations, colères et interrogations ? Notre monde n’a pas besoin de donneurs de leçons mais de personnes qui se dévouent et qui se donnent pour les autres afin d’être cette goutte d’eau dans l’océan dont notre monde a tant besoin !


III – Prétention

Ce qui est à la racine de certains débats stériles, je le crois c’est l’orgueil : l’orgueil de la raison et l’orgueil de vouloir avoir raison. Autrement dit, la prétention de vouloir posséder la théologie et la doctrine les plus pures.

Même si ces intentions sont très souvent bonnes, j’ai la conviction que cette volonté cache parfois une fausse croyance à savoir que c’est « mon excellente théologie » qui me sauve !

Je me demande dans quelle mesure cette façon de voir les choses ne cache pas le désir de se sauver, d’une certaine manière, par soi-même. Si Dieu aspire à ce que nous grandissions dans notre connaissance de Lui, ce n’est pas pour que nous gagnions d’une quelconque façon notre salut. Luther, l’initiateur de la Réforme protestante dont nous commémorons cette année le 500ème anniversaire, avait redécouvert la « sola gratia » : nous sommes sauvés par le moyen de la grâce seule à travers l’acceptation de cette dernière. Rien d’autre. Pas une doctrine, pas un courant théologique, pas un titre.

 A titre personnel, j’ai l’assurance de posséder la Vérité en suivant Jésus-Christ (Jean 14:6) mais pour autant, j’ai accepté le fait de ne pas connaitre toutes les petites vérités, ces questions secondaires que la Bible nomme « des opinions » ou « des discussions ».

Bien souvent à leur sujet, plus je sais, plus je sais que je ne sais pas. Heureusement pour moi, je peux comprendre en cohérence avec la première lettre de Paul aux Corinthiens que l’amour est l’essence de la foi chrétienne :

« Si j’ai une excellente théologie mais que je n’ai pas l’Amour, alors que je ne suis rien. »

Cet amour qui inclut une certaine humilité devrait être notre priorité absolue, notre objectif principal et notre plus grande ambition. C’est seulement en mettant de côté notre ego et en acceptant l’idée de ne pas détenir l’exclusivité de la vérité que nous pourrons vivre l’unité !


Pour conclure…

J’aimerais terminer en précisant que je respecte les convictions de chacun. Je ne cherche pas à condamner des personnes, si je le faisais, je tomberais dans le piège même que j’ai voulu dénoncer.

Si, je crois l’idée des débats louable en soi et s’ils peuvent s’avérer édifiants et constructifs, leur recrudescence, leur intensification et leur perversification, conséquences de la liberté et des opportunités qu’offrent les réseaux sociaux me paraissent inquiétantes voire même parfois dangereuses.

C’est pour toutes ces raisons que j’ai décidé à l’avenir d’éviter au maximum de me prêter à cet exercice afin de progresser sur les chemins de l’unité, de l’action et de l’humilité.

Et toi, qu’en penses-tu ? Autant de débats de cette sorte sont-ils nécessaires ? Ne penses-tu pas que Dieu a bien mieux en réserve pour nous ? N’hésite pas à me communiquer tes réactions, tes opinions et tes objections ! 🙂

Sois béni-e,