Joseph Gotte
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Autopsie d’une génération accélérée mais épuisée

Mais qui est donc cette génération qui met à mal la barrière séparant jusqu’alors vie personnelle et vie professionnelle ? Qui est cette génération qui déserte les entreprises avec le rêve de créer celles de demain ? Qui sont ces jeunes qui collectionnent les notifications des réseaux-sociaux tels des trophées ?


Activisme et burn-out : les menaces d’une génération

Certains les appellent les « Z » ou encore « génération selfie », d’autres parlent de « slashers » qualifiant ainsi leur habilité à combiner plusieurs attributs, plusieurs identités et plusieurs statuts en même temps. Souvent caricaturés par l’arme fatale du jeunisme ou reprochés de « je m’en foustisme », les moins de 20 ans qui découvrent aujourd’hui le monde du travail semblent s’épuiser à une allure qui les dépasse. Faisant partie de cette génération, je crois pouvoir en témoigner.

Si ma génération semble aux premiers abords prometteuse, [ce que je crois qu’elle est], elle doit prendre garde au fléau de l’activisme, qui conduit à terme à celui du burn-out.

Si eux ne connaitront pas, pour la plupart, le dure labeur des usines d’autrefois, ces derniers subissent une fatigue d’un autre ordre.  En tentant de ne plus distinguer « pro » et « perso », en travaillant soigneusement sa « e-réputation », en choisissant une orientation pour le reste de notre vie dès nos 15 ans, nous semblons ne jamais nous arrêter. Innover, entreprendre, inventer et s’inventer, réaliser et se réaliser : les exigences sont hautes et le repos de l’esprit s’oublie. Et rien dans notre société, qui valse au rythme de la frénésie moderne semble nous en dissuader : messageries instantanées, formations accélérées, réalité augmentée, outils de productivité…

Il faut aller plus vite, plus loin, plus haut, mais à quel prix ? Celui d’une planète dont les ressources ne semblent plus suivre ? Celui d’une génération ultra-performante, ultra-connectée mais aussi ultra-stressée et ultra-dépassée ? Celui d’individus saturés d’informations, de connaissances et de compétences mais dénués de tout sens ?

Certains se posent alors à juste titre ces questions : où est le temps que nous gagnons ? Où est le progrès que nous idéalisons ?


Éloge de l’improductivité

Face à un système et une société qui s’accélèrent, une solution demeure : ralentir. Nos ainés, les « Y », l’ont bien compris : slow-working, semaine de 4 heures, nomadisme digital, digital detox… : les initiatives se multiplient. L’idée ? Travailler moins, déconnecter et profiter plus ! Un principe longtemps établi dans un livre qui prend souvent la poussière sur nos étagères : la Bible. Le journaliste agnostique A.J. Jacobs avait remarqué dans son livre « L’année où j’ai vécu selon la Bible » que la pratique du Sabbat s’était révélée être bouleversante et transformatrice pour lui. Le Sabbat, dans la tradition hébraïque, consiste à observer un jour de congé hebdomadaire pour se ressourcer. Si, à la lumière du Nouveau-Testament, la majorité des chrétiens s’accordent pour dire qu’il n’est plus obligatoire, il demeure une bonne pratique profitable pour tous ! Athées, agnostiques comme croyants peuvent alors y trouver une profonde leçon de vie. S’arrêter pour laisser notre esprit errer, s’entendre penser et se dire : « Mon Dieu, quel bonheur ces jours improductifs. » 

Se retrouver face à soi-même, c’est aussi accepter d’affronter nos blessures les plus profondes, nos questionnements intérieurs et notre vide existentiel que l’on cherche bien souvent à étouffer via une quantité de travail et d’activités qui nous dispensent alors de penser.

Le politicien tchèque Václav Havel disait : « L’élément tragique pour l’homme moderne, ce n’est pas qu’il ignore le sens de sa vie mais c’est que cela le dérange de moins en moins. » Ne laissons pas cette réalité devenir la nôtre.

Seulement alors se dessinera le portrait d’une autre génération : celle qui privilégie le verbe « être » au verbe « faire », celle qui prend le temps d’apprécier les choses insignifiantes du quotidien comme les plus grands exploits de son existence, celle qui prend le temps de déconnecter pour véritablement exister.

C’est de cette génération dont je veux faire partie. Et toi ?

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