Joseph Gotte
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Faim du monde et fin de soi

Il est 06:44, je suis dans le train, direction Bordeaux. Après un périple mémorable en Égypte et quelques jours dans notre belle et désorientée capitale, je retourne chez moi, en terre bordelaise.


Nouveaux horizons

Avant d’aller plus loin, j’aimerais t’expliquer ma nouvelle démarche. J’ai pris pour coutume d’écrire des articles, chacun sur un sujet précis. Tous avaient pour but de donner des conseils, un point de vue, bref des réponses. Aujourd’hui, j’ai envie de tenter quelque chose de nouveau. Jésus déclare dans son sermon sur la montagne, les « béatitudes » : « Heureux les pauvres en esprit. » Je prends ça comme un appel à l’humilité et à la reconnaissance de ma pauvreté intellectuelle.

À l’heure où les « formules magiques » pour une vie heureuse se multiplient et où le buzz devient la priorité, j’ai envie de prendre un autre chemin en te partageant avant tout mes questionnements et en essayant, par la même occasion de te questionner plutôt que de te livrer des réponses toutes faites.

Je souhaite ainsi dépeindre le véritable portrait d’un Joseph en constante remise en question plutôt que celui d’une personne sûre de lui et prétentieuse.


Sommes-nous prêts à renoncer à nous-mêmes pour les autres ?

En me rendant à la gare quelques minutes plus tôt et alors que je faisais une fixation sur une douleur dentaire (oui, c’est la chose la plus matérialiste et confortabiliste qu’il soit, je te l’accorde), j’ai croisé une famille de réfugiés dormant paisiblement, blottis les uns contre les autres sur l’avenue Montparnasse. Mon coeur s’est alors serré. Ce n’était pas tellement surprenant dans le sens où cette situation est commune : les sans-abris remplissent nos rues la nuit tombée.

Ce qui était affligeant et dérangeant, c’était de voir comment je pouvais m’apitoyer sur mon « petit sort » quand d’autres trouvaient satisfaction dans des choses les plus simples telles que l’amour d’une famille et la sécurité d’être dans un pays éloigné de la guerre.

Depuis plusieurs jours, je m’interroge sur le rôle que nous devrions jouer face aux besoins et à la misère de ce monde. J’essaye de m’impliquer dans des associations, d’y faire des dons, de mener des actions auprès de personnes défavorisées et pourtant je ne suis toujours pas convaincu que ma vie est assez dévouée à mon prochain. Pourquoi ?

Je crois que ma faim de confort est plus grande que ma réponse à la faim qui tenaille ce monde.

Oui, ok, j’ai moi aussi fait mien le moto : « Sors de ta zone de confort, c’est là que les meilleures choses arrivent ! » Ces mots peuvent nous amener à faire un saut en parachute ou quelque chose de « foufou » de temps en temps. Mais sommes-nous prêts à sortir de notre zone de confort sans plus y retourner après ? Sommes-nous prêts à troquer nos bonnes conditions de vie pour vivre l’amour de notre prochain de manière radicale et désintéressée en partageant leurs difficultés ? A ce jour, je dois avouer avec honnêteté que je n’en suis pas sûr.

Dans notre société hyperconsommatrice, hypermatérialiste, hyperconnectée, hyperconfortable, bref hyper tout, combien il apparait difficile de répondre à l’appel de Jésus à aimer et à servir notre prochain comme soi-même !

J’ai l’impression qu’on aimerait polir, lisser son message histoire de dire qu’il nous appelle à le servir certes, mais attention à ne pas s’oublier soi-même ! Seulement rien dans la Bible ne m’en convainc. Quand je lis entre autres que Jésus nous appelle « à porter notre croix », je m’interroge. Ce n’est pas une expression qui me semble modérée, équilibrée, tempérée. C’est un appel radical à la simplicité, à la sobriété, au dévouement, au renoncement !


Convergences

Je t’invite à faire un tour pour (re)découvrir les béatitudes dans l’Evangile de Matthieu, chapitre 5. Comment les interprètes-tu ? Faut-il les nuancer ? J’aimerais avoir ton regard ! Pour ma part, elles m’interrogent grandement. Néanmoins, j’en ai trouvé une qui m’apaise :

« Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés. »

Peut-être qu’aujourd’hui nous n’avons pas le courage de renoncer totalement à nous-mêmes, mais nous avons cette espérance que notre compassion pour ce monde, notre faim de justice, d’égalité, de paix, porteront des fruits. J’aimerais terminer avec cette citation de l’écrivain Frederick Buechner :

« Dieu vous appelle là où convergent votre bonheur le plus grand et la faim qui tenaille le monde. »

Il ne s’agit pas de renoncer au bonheur mais il s’agit en réalité de le trouver dans son état le plus pur.

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