Clément est loin d’être étranger à ce blog. Nous avons eu l’occasion de travailler ensemble à la réalisation de différentes séries-vidéo. C’est aussi le leader du groupe de musique Be Witness, mais c’est avant tout un de mes grands amis. L’an passé, il m’a fait l’honneur d’être son témoin lors de son mariage avec Clémence.
À une heure où le mariage perd de son sens, sa décision atypique de s’unir à son âge, avec celle qu’il aime, peut, je le crois, nous questionner et nous challenger.
Salut Clément ! Dans un pays où la moyenne d’âge pour se marier, pour un homme, est de 38 ans[1], qu’est-ce qui t’a motivé à te marier à 21 ans ?
Je n’avais jamais pensé me marier si jeune à vrai dire. Au collège et au lycée, j’ai eu plusieurs « petites copines », mais je savais très bien que ce serait des relations à court terme. En grandissant et en apprenant que toute expérience amoureuse – quelle que soit son intensité – aurait un impact physique et émotionnel à vie, j’ai décidé de ne jamais plus sortir avec une fille si je n’étais pas prêt à passer la fin de mes jours avec elle. Bref, plus question de relations à court terme. Que du « sérieux » ! Aujourd’hui, pour beaucoup, l’élément déclencheur pour se marier est l’arrivée du premier enfant, ou la recherche d’une certaine stabilité. Pourtant, en tant que chrétien, je suis convaincu que le mariage constitue un engagement nécessaire pour commencer véritablement l’aventure de vivre avec quelqu’un.
Pour moi, ce qui détermine le moment de se marier, ce n’est ni l’âge, ni le salaire, ni le nombre d’années passées ensemble.
Il ne s’agit pas d’attendre à tout prix d’« être sûr » ou de le « sentir ». Pour moi, le bon moment, c’est une fois que le stade dit de la « désillusion » (généralement après plusieurs mois ou années) est dépassé, et que l’on voit la personne telle qu’elle est – avec ses forces et ses faiblesses –. C’est le moment où l’on est prêt à DÉCIDER d’aimer notre fiancé.e et à CHOISIR d’entretenir cet amour toute notre vie. Cela implique de bien faire la différence entre l’amour et le « sentiment amoureux ». C’est quand j’ai réalisé cette nuance, que l’engagement du mariage a pris tout son sens, peu importe mon jeune âge.
Comment as-tu cheminé vers cet engagement ?
Je ne suis pas du genre à faire les choses à moitié. La société nous pousse aux offres « sans engagements », mais pour moi, l’amour, c’est du sérieux. À mes yeux, quand on désire avancer sérieusement avec quelqu’un, soit on s’engage, soit-on ne fait rien du tout ! C’est pour cela qu’après un an de fréquentation, j’ai décidé de demander Clémence en mariage. C’était une manière de marquer mon engagement exclusif à son égard. On nous l’a bien fait comprendre, les fiançailles ne sont pas une « promesse de mariage », mais plutôt une promesse de « cheminer vers le mariage ». Cette nuance signifiait qu’il fallait être prêts à une rupture éventuelle. Clémence et moi avons pris deux années pour apprendre à nous connaître, passer des moments de qualité en tête-à-tête ou entre amis, discuter en vérité et surtout en profondeur sur tous les sujets possibles. Nous avons lu des livres sur le mariage ensemble (tels que Les langages de l’amour[2], Ce que j’aurais aimé savoir avant de me marier[3]…). Nous en avons discuté, sans avoir peur de nous confronter à des opinions différentes, et à des sujets parfois « malaisants ». Nous avons également choisi d’effectuer des sessions de formation théoriques et pratiques sur la communication, la vie en couple, et le mariage. Nous avons également été accompagnés spirituellement. Tout cela nous a permis de prendre conscience de tout ce qu’impliquait cet engagement.
Enfin, il fallait accepter que l’on ne puisse jamais être sûrs « à 100% », que dans tous les cas le mariage serait un challenge. Oui, c’est un défi à relever et à choisir de relever chaque matin de sa vie, y compris dans les jours les plus difficiles.
N’as-tu pas peur de t’engager si jeune, dans une décision « à vie » ? De te priver d’une certaine liberté, d’opportunités ?
Les médias et la société nous poussent à croire que les relations amoureuses et sexuelles, c’est avant tout un plaisir lambda, et qu’il faut « tester la marchandise avant d’acheter ». Ce n’est pas mon avis.
La personne n’est pas un objet, et selon moi, le bonheur ne réside pas dans la quantité de fréquentations, mais dans l’exclusivité d’une relation, constituant ainsi sa qualité. Je n’avais pas envie de dire à celle qui deviendrait ma femme : « Je veux t’épouser mais je me suis donné à d’autres femmes avant toi. » Ça reviendrait pour moi à dire : « J’ai été égoïste et je ne pensais qu’à mon plaisir ». Dans mon cas personnel, la paix que Dieu a mise dans mon cœur au sujet de ma relation avec Clémence, et de notre éventuel mariage a été très importante. Je savais que Lui seul devait avoir le dernier mot sur notre choix, que cela nous plaise ou non. Mais pour notre plus grand bonheur, bien sûr ! Cela implique de reconnaître que Dieu, notre créateur, sait mieux que nous ce qui est bon pour nous. Pour moi, penser pouvoir réussir le plus grand choix de ma vie sans Dieu serait un peu comme si on laissait un enfant de 5 ans se laver et aller à l’école quand il veut. Un peu utopique ! Quand j’ai réalisé pleinement qu’Il serait avec nous dans ce projet, mes craintes se sont grandement dissipées.
Tu semblais sous-entendre précédemment l’abstinence sexuelle avant le mariage.
Était-ce votre cas ?
Nous sommes convaincus tous les deux que l’important pour un bon mariage, ce n’est pas la « compatibilité sexuelle » comme certains le pensent, mais avant tout, la « compatibilité humaine ».
Nous avons choisi ainsi de ne pas avoir de relations sexuelles avant le mariage : loin d’être une tâche facile, cela nous a permis tout d’abord de nous focaliser sur tous les autres aspects de notre relation, à nos yeux plus essentiels : communication, valeurs, projets de vie…
Et puis de nous laisser libres avant l’engagement définitif du mariage. La Bible nous enseigne qu’à travers la relation sexuelle, deux individus deviennent « une seule chaire »[4]. Ce n’est pas rien ! Et puis, l’espérance de vie étant d’environ 80 ans, cela ne nous fait pas moins de 55 ans à vivre ensemble… Le sexe ne suffit pas : il faut du solide, du roc ! Notre roc, Celui qui nous permettra de tenir toutes ces années dans la fidélité, nous en sommes convaincus, c’est Jésus seul.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur ce qui a changé dans ta vie au cours des derniers mois ?
Une fois les alliances échangées et le voyage de noce passé, on descend de notre petit nuage. On se rend compte d’une chose : on ne nous avait pas menti ! La joie immense d’être ensemble pour l’éternité était présente, mais les nouvelles difficultés et incompréhensions quotidiennes l’étaient également. Pour autant, forts de notre préparation humaine et spirituelle, nous avons toutes les armes pour traverser ces problèmes qui nous font grandir. En fin de compte, ils nous rapprochent.
Personnellement, il est clair que depuis que je suis marié mon temps et mon énergie sont davantage sollicités qu’avant. Il faut alors être prêt à mourir à soi-même, afin de renaître à deux.
Il faut être prêts à tous les sacrifices et compromis nécessaires, pour donner de l’amour même quand on se sent vidé. Mais, le jeu en vaut grandement la chandelle et nous rend profondément heureux. Dieu tient ses promesses et bénit abondamment ceux qui se confient en Lui. Testé et approuvé ! 😉
Merci Clément pour ce témoignage à la fois inspirant et challengeant. Je te souhaite « tout le bonheur du monde » aux côtés de ta Clémence, et de Celui en qui vous avez placé votre confiance.
Pour plus d’infos sur Clément Bluteau, tu peux le suivre sur Twitter, Facebook et Instagram.
Sois béni·e,
© Photographies de Daniel Dragan
[1] Étude de l’INSEE, « Âge moyen des mariés selon le sexe en 2017 », parue le 16 janvier 2018
[2] CHAPMAN Gary (2002), Éditions Farel
[3] CHAPMAN Gary (2013), Éditions Ourania
[4] Voir Genèse 2:24