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Meak : « Vivre sa jeunesse autrement, c’est définir le nouveau standard de ce qu’être cool signifie »

Il y a quelques mois, à l’occasion d’une réunion de jeunesse organisée dans mon église bordelaise, j’ai découvert un artiste atypique alors en concert : Matthieu alias Meak. Ce gars est un vrai « cuisinier » des sonorités, des punchlines et de la prose. Jeune, chrétien et rappeur avec déjà 4 albums en stock, il m’était impossible de ne pas l’interviewer pour ce blog.


En regardant les mots les plus utilisés par les rappeurs américains, on retrouve principalement « motherfucker » et ses variantes « motherfuckin » et « motherfucking », « hoes » ou encore « smoking », « smoke » et « death ». Comment fais-tu en tant que rappeur chrétien pour utiliser ce style musical et délivrer en même temps un message d’amour, de foi et d’espérance ?

Tu as résumé mon double combat. C’est clair que je n’ai pas choisi les choses les plus faciles. Non seulement je fais du rap, ce qui est déjà mal vu, que tu sois chrétien ou pas, mais en plus, je fais du rap qui parle de Dieu. Donc, je ne suis pas le mieux accueilli, aussi bien dans le milieu chrétien que dans le milieu du rap. Pour revenir à ta question, comment je fais ?

J’assume pleinement le combat : je kiffe le défi de marcher à contre sens et de ne pas le faire à moitié.

Mon problème quand j’ai commencé à 15-16 ans, c’est que j’essayais encore de faire un compromis en essayant de faire le mec un peu gangster. Ce qui est marrant, c’est que quand j’ai arrêté ça, ça a mieux marché. Même dans la communauté du rap, j’ai été mieux accepté. Les gars se sont dit : “Ce qu’il dit, il l’assume, il le vit pleinement et puis musicalement ça marche bien.” Je rajouterai que non seulement je l’assume pleinement mais j’y crois fermement, c’est pas juste pour le kiff. Je sais que le rap peut être très beau dans ce sens-là et le message de l’Evangile également.


Justement, comment gères tu la réticence de certains chrétiens face à ce genre de musique très connoté culturellement ?

C’est souvent une histoire de com. Malheureusement parfois, je suis obligé de prendre beaucoup de pincettes. Dans certaines églises, par exemple, je suis obligé, un peu à contre cœur, de présenter ça comme de « la poésie en musique » ou du « slam », « c’est très jazzy »… Comme ça, ils m’accueillent, ils voient le concert, ils kiffent et après je leur dis : « Vous savez, au final, ce que vous avez entendu, c’était du rap. » Si je dis trop cash que c’est du rap, les gens envisagent tout de suite l’événement comme destiné exclusivement aux jeunes alors que j’aimerais faire une musique accessible aussi aux personnes plus âgées et aux enfants. L’idée, c’est d’être délicat et prudent. Parfois, en faisant juste écouter mes sons, les préjugés des gens tombent d’eux-mêmes. Mais je pense que les mentalités sont en train de changer à ce niveau là.

Il faut arrêter de penser que le rap, c’est du bling-bling et des gangsters.


La question de l’écoute des musiques séculières chez les (surtout jeunes) chrétiens divise beaucoup. Quel est ton avis personnel sur la chose ?

Pour moi, la musique chrétienne n’existe pas. Il n’y a pas de style musical plus sain qu’un autre à mes yeux.

Certains diront que la musique classique, c’est apaisant mais si tu as l’occasion d’entendre certains auteurs et compositeurs classiques raconter la vie qu’ils menaient et les valeurs qu’ils avaient, tu te dis : « Mince ! J’écoutais ça sans savoir tout ce qu’il avait derrière ». Je dirais que la musique, c’est une très belle plateforme, c’est un art qui est utilisé de plusieurs manières. C’est un peu l’extension des artistes. Moi, j’ai envie d’exprimer des choses. Si je te parle de basket pendant 15 minutes, tu vas entendre pendant 15 minutes un contenu « non-chrétien », est-ce que pour autant je vais souiller ta foi ou tes pensées ? Non ! Mais tu m’as écouté parce que c’est une extension de moi. Je dirais, aux lecteurs :

« Soyez sages avec ce que vous écoutez. Tout comme vous choisissez vos influences et vos amitiés. »

Si tu sais que certains vont te donner des mauvaises pensées, évite-les. Eh bien, c’est exactement la même chose avec la musique. Moi, j’écoute des musiques « non-chrétiennes » et je l’assume mais je me fixe des limites. Parfois, j’aime bien le style, les sonorités mais si je vois qu’à un certain moment, ça ne m’édifie pas, je prends du recul. Il y a des musiques avec du contenu clairement biblique et édifiant et il faut les écouter au maximum mais ça ne veut pas dire qu’il ne faut écouter que ça, selon moi.

C’est un peu comme dans ma vie, je ne demande pas aux gens de me parler que de Dieu.

Voilà comment je vois les choses.


Ce blog a fait de l’expression « Vivre sa jeunesse autrement » son moto. De ton expérience personnelle, quels conseils donnerais-tu aux jeunes lecteurs de ce blog ? Pour toi vivre sa jeunesse autrement,c’est quoi ?

Je rejoindrais la première chose que j’ai dite au départ : assumer pleinement et devenir “leader” ou influenceur, d’une certaine façon. On a tendance à penser que les gens cools, c’est les gens qu’on voit et on a envie d’être comme eux pour être, à notre tour, cools. Mais en fait, être cool, c’est toi qui définis le concept du cool.

Vivre sa jeunesse autrement, c’est définir le nouveau standard de ce que signifie être cool. Cool non pas selon les standards de ce monde mais selon ceux de Dieu car c’est lui, au fond, qui est le plus cool et je veux vous le prouver.

C’est pas juste faire du contre-sens, c’est faire du cohérent. Donc, si il y a deux mots à retenir c’est : être cohérent et assumer. Tu assumes ta foi et tu es cohérent : si tu dis qu’il y a des choses que tu ne feras pas, tu ne les fais pas. Si tu dis quelque chose, tu le fais à fond. Par expérience, je me suis rendu compte que dans ma jeunesse, c’est ça qui me rendait cool au final.

En étant tiède et en faisant des compromis, j’étais mal dans ma peau et les autres, eux, voyaient que j’étais mal à l’aise.

Maintenant que je suis cohérent et que j’assume, je suis cool et ça donne envie aux gens de me suivre.


Je suis sûr que dans les lecteurs de ce blog, beaucoup ont plein de rêves et d’aspirations et un certain nombre d’entre eux sont liés à la musique. Quels conseils donnerais-tu aux jeunes chrétiens qui veulent « occupy the streets » en utilisant rap, électro ou encore la pop pour annoncer la Bonne Nouvelle ?

Mes conseils, ça serait :

  1. Fixe-toi des objectifs clairs devant toi et devant Dieu. Si ton objectif c’est : “J’ai vraiment envie d’être connu”, il y a déjà un problème ! Peut-être que c’est pas fait pour toi, peut-être que tu dois travailler encore un peu ce point. Si ton objectif, c’est orienter les gens vers Dieu et vers son message, là c’est déjà mieux. Bref, être très honnête avec soi-même et se fixer des objectifs.
  2. Bosse, car il faut beaucoup bosser. Il faut bien s’imprégner de l’art. Étudier la musique… Et puis bosser, bosser encore et encore.
  3. Laisse Dieu ouvrir et fermer les portes. Parce qu’au final, c’est lui qui va décider si ça va marcher pour toi ou s’il te veut ailleurs ou autrement.

Merci Meak, à la prochaine !

Pour plus d’infos au sujet de Meak, de son histoire et de sa musique, vous pouvez consulter son site internet : www.meak-highhood.com

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